Ce texte reproduit 2 articles parus dans La Tempérance.
I. DU BON USAGE DE LA PEUR
La peur et la violence apparaissent dans bien des cas liées. Il est donc essentiel de connaître notre propre peur pour mieux gérer les situations potentiellement violentes. Nous aurons ainsi accès du même coup à une compréhension de la peur de l’autre.
LA PEUR EST UTILE
La plupart de nos comportements habituels face à la peur sont faits de refus, de tentatives maladroites pour la nier, la projeter, la rejeter, l’oublier, parfois la combattre. Ces attitudes ne permettent pas d’en connaître vraiment la réalité. Nous ne sommes pas suffisamment conscient de son rôle de signalisation absolument indispensable à notre survie. Pourtant il y a là un aspect fondamental de la peur : reconnaissance d’un danger, d’une menace, déclenchant souvent des réactions corporelles réflexes qui vont nous aider à faire face à la situation. Ces réactions vont mettre à notre disposition des forces exceptionnelles : vigilance, concentration, force physique décuplée.
Des militants du Salvador, menacés de mort et de torture au temps où la guerre civile ensanglantait le pays, nous disaient : « La peur permet d’élaborer une tactique « . Mettre au point des mesures de sécurité, de protection est bien la conséquence de la perception du danger. » Sans la peur, il n’y aurait pas de lutte « , continuaient ces syndicalistes. La peur de la misère et de la servitude leur permettait d’affronter des situations périlleuses mais perçues comme un moindre risque.
La peur « qui donne des ailes » et celle qui favorise le dépassement de soi pour fuir ou affronter le danger met donc à notre disposition une énergie extrêmement utile pour gérer notre vie.
LA PLACE DE L’IMAGINAIRE
Comment se fait-il donc alors que la peur, dans son acception habituelle, soit prise pour un fléau ? Estomac noué, respiration bloquée, jambes qui tremblent, paralysie, pour ce qui est des manifestations corporelles désagréables. Nous pourrions parler aussi des réactions impulsives, de la désorganisation de la conduite, génératrices de risques supplémentaires. Comment se fait le passage, le dérapage d’un mécanisme utile à un autre, pervers et dangereux ?
Pour illustrer ce passage, permettez-moi de vous distraire par une caricature : un homme au volant de sa voiture sur une route déserte s’aperçoit qu’un de ses pneus vient de crever. En ouvrant le coffre, il constate que le cric ne s’y trouve plus. Il se souvient alors que, peu de temps avant, il est passé devant un garage. Il décide donc de partir à pied pour solliciter le prêt d’un cric. Pendant le quart d’heure qu’il met à parcourir cette distance, des pensées tournent dans sa tête : « Je vais avoir l’air ridicule ! Quelle histoire ! Et puis mon beau-frère m’avait déconseillé d’aller dans ce garage. D’ailleurs j’ai bien vu en passant qu’ils n’avaient pas l’air aimable. Ils vont sûrement refuser de me prêter un cric. Ils vont se moquer de moi ! Ca ne fait aucun doute …etc. ». Le garage apparaît au loin et son désarroi s’amplifie. « On m’a toujours pris pour un imbécile. Il n’y a qu’à moi qu’arrivent des choses pareilles. Mon chef de service me méprise et me ridiculise chaque fois qu’il peut. Il y en a marre ! C’est insupportable ! ». Et c’est ainsi, qu’arrivé au garage, il se plante devant un mécano interloqué en hurlant : » Votre cric , vous pouvez vous le garder ! J’en ai rien à f… » Et puis s’en va.
De manière plus sérieuse, laissez- moi vous livrer un témoignage personnel. J’ai participé il y a quelques années à des missions humanitaires en Amérique centrale. Certaines de ces missions comportaient un relatif mais réel danger. Il s’agissait notamment d’escorter (sans armes) des personnes menacées de mort. Je ressentais bien sûr la peur. Face au risque réel, cela me poussait à prendre un certain nombre de précautions : contact personnel avec les autorités françaises et autochtones, bien mettre en évidence visuellement ma qualité d’étranger, extrême vigilance, pratique des jeux de rôles pour anticiper des tentatives d’enlèvement ou des provocations… etc. Avec le sentiment d’avoir fait le maximum pour ma sécurité, la peur ne me gênait plus, même si elle ne disparaissait pas totalement. Elle me tenait en alerte en dépit de la fatigue. Pourtant, pendant cette même période, j’étais quelquefois en proie à des angoisses plus profondes déclenchées par des évènements en apparence anodins : par exemple, risquer de paraître ridicule à un interlocuteur à cause de ma maîtrise imparfaite de la langue ou bien sortir sous la pluie et attraper un rhume. Bref, des raisons qui se révélaient très vite sans aucun fondement. Mon imaginaire avait construit de toute pièce, comme l’infortuné bonhomme oubliant son cric, un danger irréel. Dans cet exemple, c’est l’image de moi-même qui paraissait menacée. Evidemment l’incohérence de ces peurs m’est apparue clairement là-bas quand mon intégrité physique était elle-même simultanément et réellement menacée.
REVENIR A LA PEUR-SIGNAL
Le souvenir de nos peurs passées, des expériences douloureuses, des frustrations et des blessures de l’enfant que nous avons été se présente plus ou moins consciemment dans nos pensées, vient voiler la réalité de la situation du moment provoquant des comportements totalement inadaptés.
Le dérapage qui nous écarte de la « peur-signal-du-danger », se produit donc avec l’apparition des pensées qui nous raccrochent à un passé révolu dont nous n’avons pas fait totalement le deuil. Nous restons souvent très attachés à nos souffrances d’hier qui continuent à baliser notre route à venir.
Si nous nous laissons mener par le fantasme menaçant, la peur enfle, la confusion s’installe. Nous commençons à craindre la peur, craindre de ne pouvoir maîtriser nos comportements. S’enclenche alors un cercle vicieux : peur d’avoir peur…etc. Des attitudes inadéquates s’ensuivent : refus, projection, anesthésie par la distraction ou les médicaments…etc., qui aggravent le problème.
Comment allons-nous rester en contact avec la situation, avec la peur-signal ? Tout ce qui nous relie au réel va nous aider. Nous pouvons nous mettre à l’écoute de nos sensations corporelles et surtout de notre respiration. Prendre conscience instantanément de ces phénomènes désagréables certes, mais au fond pas si douloureux que l’on imagine : respiration perturbée, gorge nouée, chaleur au visage ou paleur, malaise dans la région de l’estomac…
Le premier effet sera de retarder le mécanisme des pensées qui défilent à toute allure.
Nous pouvons aussi ouvrir nos yeux sur la situation qui se présente à nous, sur les partenaires humains qui en sont les acteurs. Est ce que nous les voyons encore comme des personnes humaines ou comme des objets menaçants voire monstrueux ?
Enfin si nous avons le loisir de différer notre action, parler avec un ami, écrire et décrire nos sentiments, notre perception des évènements, va nous permettre de prendre du recul, de sortir de « notre » monde, de trouver un appui dans la vérité de la situation et/ou un regard extérieur.
Chaque fois qu’il est possible de se relier à soi-même, de retrouver notre centre, sentir la vie en soi, se relier aux autres, amis ou adversaires, de se relier à la situation dans son ensemble, nous gardons à notre disposition l’énergie de la peur-signal pour faire face aux dangers de l’existence. Autrement le risque est grand de voir cette énergie se fourvoyer dans des comportements destructeurs pour nous mêmes et pour autrui.
II. OSER VIVRE SES PEURS
Dans un premier article, nous avons vu que la peur se manifeste de différentes façons : comme signal stimulant nos forces et notre créativité, mais aussi comme fantasme menaçant et confusion voilant le réel. Je vous propose aujourd’hui d’aller un plus loin pour apprendre à gérer cette émotion.
Deux questions se posent d’emblée : Qui a peur ? La peur de quoi ? Ces questions vont nous mener aux racines de l’émotion , au delà de l’apparence. Dans un deuxième temps nous en tirerons des conséquences fondamentales . Pour finir nous envisagerons un ensemble de moyens concrets pour vivre avec cette peur sans se laisser dominer par elle.
QUI A PEUR ?
A la suite d’un travail sur la mémoire émotionnelle, j’ai été amené a faire une découverte : une espèce de fil relie toutes les peurs de notre histoire. La peur d’aujourd’hui réactive la peur d’hier. Cela peut se passer de manière consciente ou non. Devant un évènement, une situation qui nous paraissent menaçant, tout le vécu émotionnel inscrit dans notre corps est présent à l’arrière-plan. C’est ainsi que le passé, plus précisément notre propre passé va influencer plus ou moins fortement notre état et notre action ici et maintenant. C’est peut-être une peur d’enfant, réveillée, qui va empêcher l’adulte que je suis de répondre de façon pertinente au problème qui se pose. Chacun d’entre nous, un jour ou l’autre, a été déstabilisé par un évènement rationnellement anodin.
Un souvenir me revient illustrant ce propos : alors que je vivais en communauté il m’arrivait souvent d’animer des séminaires de formation. Cela me plaisait beaucoup. Je me sentais créatif et cette activité me procurait des relations enrichissantes dans tout les coins de France. Ce n’étais pas mon travail principal et comme dans toute collectivité il y avait des contraintes : Dans cette communauté, la règle imposait de demander l’avis des autres personnes lorsqu’on s’absentait quelques jours. La plupart du temps il s’agissait d’une simple formalité et cela permettait surtout de se faire remplacer dans les tâches tournantes. Sollicité pour un tel séminaire à un moment où je me sentais fatigué, je posai, un soir, ma demande non sans hésitation. Plusieurs personnes ayant déjà prévu de partir aux mêmes dates, je n’obtins pas de réponse immédiate et on me proposa un petit délai de réflexion, le temps d’harmoniser les différentes absences. Rien que de très banal, et pourtant, subitement, une très forte émotion m’envahit. Je me défilai rapidement et, une fois seul, des pensées de rage m’assaillirent. Je me sentais atteint au plus profond de moi-même ; j’étais furieux, j’en voulais à tout le monde ; j’étais anéanti. Mon mental me présenta différents scénarios tragiques : j’allais quitter cette communauté où j’étais si injustement brimé, j’allais me venger à la prochaine occasion… Que sais-je encore ? Je finis par prendre conscience que ce vagabondage des pensées tournait au délire et n’avait plus qu’un lointain rapport avec la situation de départ : rien ne m’avait été refusé, j’étais moi-même très hésitant quant à ce déplacement… Et, soudain, la cause de mon émotion excessive se révéla comme un souvenir oublié surgi du fond de ma mémoire : Enfant, il m’avait été très difficile d’exercer ma créativité. Enfant unique surprotégé par des parents assez âgés, j’en avais beaucoup souffert, je me sentais empéché d’avoir des relations et de m’amuser comme tous les enfants de mon age. j’avais eu trés peur de disparaître, étouffé, éteint. Evidemment c’est cette peur là qui avait provoqué une réaction complètement disproportionnée. Personne n’avait la moindre intention de me blesser comme la suite de l’histoire me le prouva puisque j’animai finalement ce séminaire. Heureusement aucun de mes compagnon ne fut témoin de ma fureur et de mon trouble , il n’y aurait rien compris. Cela m’a servi de leçon ; aujourd’hui, chaque fois qu’une émotion forte me saisit, je me pose la question : qui est touché ? L’adulte ? Ou bien un adolescent, voire un petit garçon de trois ans ?
LA PEUR DE QUOI ?
Encore une manière d’aller voir ce qui se cache derrière nos peurs. Jacques SALOME, dans un de ses contes à guérir, fait dire à un magicien des peurs : » derrière chaque peur se cache un désir. » Eh oui ! nous avons peur de ce qui nous passionne, nous fascine, nous attire, dans la mesure où une part de nous-mêmes refuse cette attraction. Arnaud DESJARDINS écrit que la peur est une attraction négative (*). Il m’a raconté, un jour, l’histoire connue en Inde, d’un être qui passait sa vie à soutenir et rafistoler un barrage menaçant à tout instant de se rompre et de l’engloutir sous des tonnes d’eau ; et puis voilà que malgré ses efforts le barrage craque. Et c’est l’instant où il se rend compte qu’il était un poisson survivant à peine à l’air libre.
Lorsque nous avons peur de la violence, par exemple, c’est parfois une peur de la violence que nous sentons au fond de nous et qui désire si fort se manifester. Le mental est particulièrement habile pour justifier, rationaliser nos peurs. Posons-nous quelques questions, dans notre fort intérieur : y a-t-il vraiment du danger ? Quels faits objectifs légitiment mon appréhension ?… Nous pourrons découvrir que ce dont nous avons peur se trouve au fond de nous quelquefois.
Ne croyez-vous pas que chaque peur, aussi superficielle soit-elle signale la peur de la mort ? Mort physique, peut-être, mais aussi séparation d’avec un personnage intérieur ou un avoir auxquels nous nous serions identifiés ? La vie n’est, au fond, qu’une succession de deuils et de séparations suivis de naissances, de renouvellements. Et si cette peur de la mort n’était en fin de compte que la peur de la vie ? Refus de grandir, refus de souffrir ? Vivre à moitié pour éviter la souffrance ? Notre force vitale nous effraye ; elle a peut-être été mal vue quand nous étions enfant, elle va sans doute nous faire prendre des risques, nous faire vivre des souffrances et pas mal de choses désagréables, inconfortables. Savons nous oser ?
VERS LA CONFIANCE ET LA VIE.
Se relier
D’abord, se relier à soi-même, comme un préalable qui va rendre possible tous les changements.
Pour contrôler une émotion, il faut premièrement la connaître, la reconnaître, donc l’observer. Cela peut paraître surhumain : observer l’émotion alors que précisément nous sommes émus ( étymologiquement mus vers l’extérieur, loin de notre centre ), qu’il n’y a plus personne pour regarder. Le corps physique va nous aider à sortir de ce mauvais pas. Nous pouvons toujours percevoir les sensations corporelles liées à la peur. Sentir, ressentir ce qui se passe dans notre corps, toute la gamme des réactions physiques habituelles. Pour désagréables qu’elles soient ces perceptions là sont bien moins terribles que les fantasmes menaçants qui s’agitent dans notre tête ; de plus, elles nous ramènent au présent, à la réalité de notre corps. A travers elles, nous allons sentir l’énergie qui nous traverse, la vie en nous.
Cette première étape se déroule en un clin d’oeil. Il ne s’agit pas de se complaire dans la contemplation de nos sueurs froides ou de notre respiration troublée mais d’en prendre conscience tout simplement. Cela suffit souvent à rétablir un fonctionnement normal, notamment en ce qui concerne la respiration. Une deuxième phase, instantanée et indispensable elle aussi, peut alors être réalisée : l’acceptation de notre état. Cette étape là demande une longue préparation ; il n’est pas si facile de s’accepter, précisément quand l’image que nous donnons de nous-mêmes est à l’opposé d’un modèle de sérénité ou de compassion. L’aide de personnes plus avancées que nous sur ce chemin sera précieuse. Peut-être aussi la conscience de la stupidité et de l’inutilité d’un refus : que pouvons nous faire d’autre, si nous avons peur, que de constater cette peur, au présent, même si l’instant suivant est ouvert à un changement d’état ?
Se relier aux autres. Si nous avons senti la vie en nous, pris un peu de distance en observant notre émotion, il va nous être possible de faire une découverte sur l’autre en face de nous : cet autre est un être humain semblable à nous avec, lui aussi, ses émotions, ses désirs, ses projets, son énergie vitale qu’il manifeste à sa manière, son histoire. L’autre n’est ni un objet à manipuler ni un obstacle à détruire ni un monstre. Peut-être n’a-t-il aucune intention de nous nuire ? Peut-être est-il simplement très malheureux ? Est-il possible d’avoir pour lui du respect c’est à dire le regard du coeur, qui voit derrière les apparences. Se relier aux autres peut aussi signifier chercher de l’aide, appeler au secours, solliciter un arbitre ou un médiateur, ou tout simplement, s’il n’y a pas d’urgence, parler à un ami.
Se relier à la situation. Voir, en un éclair, l’ensemble de la situation, l’environnement. On oublie parfois dans un moment de crise que l’on n’est pas seul. Des enfants regardent, nos enfants peut-être, témoins de notre panique. Des choses ou des gens peuvent être là à côté de nous sur lesquels nous allons
nous appuyer si nous les voyons. Quand nous restons attentifs à ce qui se passe autour de nous, il arrive souvent qu’une opportunité se présente et nous offre une issue inespérée, en apportant un élément incongru, une occasion de dédramatiser, de sortir du jeu stéréotypé qui se prépare.
La rigueur nécessaire
Vivre c’est choisir ! Qu’est-ce que je veux vraiment ? Impossible d’avancer vers de nouveaux comportements si je ne réponds pas à cette question, en sachant que je ne peux obtenir le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière. Choisir ceci c’est laisser cela et donc s’en séparer, en faire son deuil. C’est pourtant le seul moyen d’aller de l’avant sans être écrasé sous le fardeau des problèmes non résolus.
Qu’est-ce que je peux faire ? Je veux fuir mais la porte est fermée à clé. Je veux le maîtriser mais il est plus fort que moi. Je veux l’écouter mais la rage remplit encore mon coeur… Par contre , je suis furieux mais je peux ne pas crier. Je ne peux pas écouter tout de suite mais je prendrais du temps ce soir pour l’accueillir. Je suis moins fort physiquement mais je peux me tenir droit, rester digne, ne pas céder à la provocation…
Qu’est-ce que je dois faire ? Seulement ce que je peux ! Mais tout ce que je peux, même si cela semble inutile. Les « à quoi bon », « de toutes façons », « il ne changera jamais », « c’est pas la peine »,… ne sont que des ruses du mental pour nous pousser à la résignation et au fatalisme, au statu quo désespérant.
Une autre ruse utilise un sens du devoir excessif qui nous amène au delà de nos forces actuelles . Il s’ensuit un sentiment d’être écrasé, une culpabilité très forte quand nous échouons, qui nous renvoient à une sensation d’impuissance. C’est du plus profond de nous mêmes que nous pouvons sentir ce que nous avons à faire, qui est conforme à notre dignité d’êtres humains, indépendamment du regard des autres y compris de nos proches. Cela ne signifie pas agir n’importe comment mais plutôt passer de la culpabilité à la responsabilité.
Agir consciemment
Nous allons donc agir en fonction de ce que nous avons choisi, tenant compte de ce dont nous sommes capables, avec le sentiment de notre dignité d’être humain.
Nous avons droit à l’erreur. Il est impossible de ne jamais faire d’erreur, mais il est possible d’en tirer la leçon si notre action a été effectuée consciemment. « Je ne sais pas ce qui m’a pris , ce qui m’est passé par la tête, je n’avais pas l’intention de …, « . La prochaine fois cela risque d’être pareil. Le but de l’action consciente n’est pas de ne plus faire d’erreur mais de ne pas répéter toujours les mêmes. « Changez d’erreurs », comme le suggère Arnaud DESJARDINS. Toutes les erreurs ne sont pas équivalentes. Il y a des degrés et des conséquences différentes, plus ou moins graves. Elles peuvent devenir des bénédictions à long terme.
Il nous reste à accepter, maintenant les conséquences de notre action. Gérer l’émotion n’est pas la faire disparaître magiquement mais vivre avec, donc notre action sera limitée, inscrite dans le relatif, dans notre histoire. Nous pouvons espérer que nos actes, notre façon de vivre les émotions tracent un chemin vers un futur différent, plus serein, plus juste (de justesse), nous préparent à un autre état de conscience, et non pas nous fassent tourner en rond, revivant inlassablement les mêmes échecs, les mêmes souffrances sur le théatre de la vie.
Affronter la peur est une audace nécessaire, un moindre risque à prendre. Nous pouvons apprendre à respecter et utiliser ce signal du danger. Le danger, la mort font partie de la Vie, ils nous rattraperons toujours même si nous essayons de les éviter. Sans les rechercher, nous pouvons apprendre à mobiliser et gérer nos énergies pour la Vie. Les émotions sont aussi des énergies nécessaires à la créativité. Elles peuvent nous mener à la sagesse et à la compassion. Le premier pas est sans doute de changer notre regard sur elles. Il est probable que cela fera évoluer notre regard sur le monde, sur la souffrance et ses causes. Penchons-nous donc avec amour sur nos peurs et sur celles de l’enfant que nous avons été afin de les dépasser et de retrouver la confiance profonde en la Vie qui nous habite.
Jean-Jacques SAMUEL
Formateur en relations humaines.
Ce texte reproduit 2 articles parus dans la revue LA TEMPERANCE, BP 12, 63250 CHABRELOCHE.
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