Collectif.
Compte-rendu des rencontres du Cun « Médiations, démarches citoyennes » de l’été 1999.
80 pages de de conférences, d’ateliers, de réflexions toujours actuelles permettent de mesurer la densité des échanges et la qualité des travaux réalisés lors de cette rencontre unique d’acteurs citoyens,
On y trouvera des compte-rendus
d’ateliers ( « Responsabilité citoyenne », « Médiation scolaire »),
d’interventions spécifiques (« Médiation et paradoxe » de C. De Doncker, « Communication et tierce référence » de H. Ott),
de conférences (« Médiation institutionnelle et médiation privée » de S. Bougaeff, « L’esprit de la médiation » de J. Morineau),
de tables rondes (« Médiation scolaire », « Nouveaux champs de la médiation », « Militantisme, non-violence, médiation »),
des conclusions et des annexes (« Qu’est-ce que la médiation ? » de N. Bernard, « Le terrain de la médiation » de L. Leroux, « Le dispositif de la médiation » de E. Ricard), le tout agrémenté d’une vingtaine de photos.
Format : 80 pages A4
EXTRAIT
Ouverture
Le Cun connaissait la médiation pour l’avoir expérimentée en interne, pour avoir organisé des stages sur ce thème. Il considère la médiation comme une des formes non-violente du travail sur les conflits.
A travers de nombreux contacts Le Cun avait constaté que les associations autour de la médiation se développaient de manière éclatée, sans beaucoup de rencontres tout en partageant une dynamique commune : le développement de la médiation.
Dans son histoire le Cun a plusieurs fois été à l’initiative d’un travail de rapprochement entre les mouvements de même nature, tels les objecteurs de conscience (1985 -1992) ou les mouvements se réclamant de la non violence (1989 – 1993). Mobilisant pratiques et compétences, le Cun a décidé d’aller à la rencontre de ces initiatives sur la médiation.
Sa manière de se situer, a fait qu’il reçut un bon accueil, d’autant que chacun partageait l’idée que la médiation est importante à promouvoir et qu’il fallait mettre en oeuvre des moyens de promotions et de diffusion.
C’est ainsi que dès la fin de l’année 1998, tous les mouvements connus ont été invités à une rencontre à Paris. Qu’au fil des rencontres certains mouvements « citoyens » se sont associés à la démarche ainsi que des personnalités, alors que d’autres mouvements inscrits dans une démarche plus institutionnelle s’en sont détachés. Cela a permis de clarifier les enjeux de telles rencontres et les thèmes à aborder.
Nous pouvons dire que ces rencontres ont montré une très grande capacité de leurs promoteurs à s’écouter, à se coordonner. Chaque difficulté a pu être abordée dans un esprit constructif. C’était la condition essentielle à la réussite de ce projet. A travers la lecture des pages qui suivent, les illustrations, les impressions on pourra constater que la richesse de telles rencontres a très largement récompensé l’enthousiasme de tous leurs organisateurs.
En effet ces journées ont permis d’explorer entre autre la différence entre médiation citoyenne et médiation institutionnelle.
Le processus apparaît commun à ces deux catégories d’intervention.
Reste alors considérer ce que les différencie. Cela apparaît tout au plus dans la marge de liberté, d’indépendance du médiateur afin que soit assurée son impartialité ainsi que l’application des règles de déontologie et notamment la confidentialité.
La différence porte plus semble t-il à la fois sur les acteurs en cause, la structuration de la demande ou du besoin, et sur la nature des conflits, l’importance du litige économique, le poids de l’environnement, enfin l’objet du dysfonctionnement qui portera sur la signification des ruptures d’un certain ordre de relations entre les parties.
La médiation institutionnelle apparaît fondée davantage sur la règle de droit et l’échange économique, sur le problème de régulation de l’interaction entre acteurs gouvernés par les logiques juridiques et économiques, fondées par le partage d’intérêts réciproque bien compris et acceptés comme tel, l’aspect du résultat quantitatif semblant imposer sa logique.
La médiation citoyenne trouverait davantage son fondement dans les sciences sociales et humaines, les soucis de réparations, de reconnaissance, d’équité étant dominants. L’interaction entre acteurs est davantage gouvernée par la logique du contrôle social et du système de valeurs. L’aspect quantitatif ne s’impose que lorsque les autres aspects relationnels du vivre ensemble ont reçus une réponse satisfaisante par l’ensemble des médiés.
Mais le débat reste largement ouvert non pas en terme d’oppositions mais en terme de complémentarité, d’enrichissement de la pratique sociale. Et c’est pour le poursuivre et le nourrir que le Cun en publie le compte rendu.
Plusieurs facteurs, temps, finances, n’ont pu permettre de sortir le compte rendu aussi rapidement que prévu. Nous le regrettons, mais que les personnes qui y ont contribué par la mise en forme de leurs interventions ou de leur ateliers soient chaleureusement remerciées. Il nous semble que le contenu de ce document reste toujours d’actualité pour stimuler la réflexion et encourager les pratiques.
Nous formulons des voeux pour que ce travail d’échanges passionnés et passionnants poursuive son oeuvre et nous aide à être des artisans de paix en travaillant au développement de l’esprit de médiation.
Nicole Bernard, Médiation Sud-Aveyron.
Hervé Ott, IECCC / le Cun.